Quels sont les causes et facteurs de risques du cancer du côlon ?

Les facteurs de risque des cancers colorectaux sont multiples. Certains de ces facteurs sont directement liés à la constitution d’un individu (facteurs constitutionnels) alors que d’autres facteurs sont liés à l’environnement (facteurs environnementaux). C’est la coopération entre facteurs constitutionnels et facteurs environnementaux qui conduira au développement de polypes puis à la transformation de polypes en cancer colorectal.

1 - Les facteurs de risques génétiques

Parmi les facteurs constitutionnels, l’hérédité peut jouer un rôle. 5 à 10 % des patients avec un cancer colorectal ont une prédisposition génétique due à des mutations qui se transmettent d’une génération à l’autre et qui sont impliquées dans le développement de ces cancers.

La forme la plus fréquente de cancer colorectal héréditaire est due au syndrome de Lynch qui est responsable de 3 à 5 % des cancers colorectaux. C’est une forme héréditaire sans présence de polypes.

Les gènes impliqués dans le syndrome de Lynch sont le plus souvent les gènes MMR responsales de la réparation des mutations. En cas de mutations ou d’inactivation de ces gènes, la réparation de l’ADN n’est plus possible. Les patients avec un syndrome de lynch ont un risque plus élevé de faire un cancer colorectal et l’âge d’apparition du cancer se fait vers 45 ans. Ils ont aussi un risque plus élevé de faire un cancer de l’endomètre (utérus), de l’ovaire, de l’estomac, de l’intestin grêle ou des voies biliaires ou urinaires.

Une autre forme héréditaire de cancer colorectal est la polypose adénomateuse familiale (PAF) qui représente environ 1 % des cancers colorectaux. Les patients avec une PAF vont avoir de multiples polypes qui apparaissent au cours de la deuxième décennie et dont le nombre augmente avec l’âge. Cette polypose est due à une mutation dans un gène suppresseur de tumeur, le gène APC. Le risque de cancer est d’environ 50 % à 40 ans et pratiquement de 100 % à 60 ans. Il existe cependant des formes atténuées pour lesquels le risque est moins élevé.

De plus, on observe une disposition familiale chez 15 à 20 % des patients. Celle-ci peut être due à une prédisposition génétique, à un mode de vie des membres de la famille, au hasard ou à une association de ces différents facteurs. Le risque d’avoir un cancer colorectal au cours de son existence est doublé lorsqu’un parent au premier degré (père, mère, frère, sœur, enfant) est diagnostiqué avec un cancer colorectal à l’âge de 50-70 ans. Le risque triple si le diagnostic est fait chez le parent au premier degré avant l’âge de 50 ans.

Une personne déjà traitée pour un cancer colorectal présente un risque plus élevé de développer un second cancer colorectal. Les femmes ayant eu un cancer du sein, de l’ovaire ou de l’utérus ont également un risque un peu plus important d’avoir un cancer colorectal (source arcagy.com).

Interview du Professeur Romain Coriat

2 - Certaines maladies

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique ou RCH) sont aussi associées avec une augmentation du risque de cancer colorectal. Le risque est plus important pour les patients avec une RCH. Ces maladies inflammatoires expliquent seulement 0,4 % des cancers colorectaux et ce pourcentage est en diminution avec l’amélioration de leur prise en charge.

3 - L'âge

L’âge constitue un autre facteur constitutionnel qui augmente le risque de cancer colorectal. En effet, le nombre de nouveaux cas de cancer colorectal augmente avec l’âge et 90 % des patients ont plus de 50 ans.

4 - Les facteurs environnementaux

À côté de ces facteurs constitutionnels, plusieurs facteurs environnementaux liés au mode de vie augmentent le risque de cancer colorectal. C’est notamment le cas du tabac, de l’alcool, de l’alimentation, du surpoids et de l’absence d’exercice physique.

Le point de vue de l'expert

La consommation de viande rouge et de viande transformée (charcuterie, viande hachée) augmente le risque de cancer colorectal. A l’inverse, la consommation de lait, de fibres, de fruits et de légumes tout comme une alimentation riche en calcium, en vitamines, tout spécialement en vitamine D, diminue le risque de cancer colorectal.

Voici donc quelques conseils pratiques :

Avoir une alimentation riche en fibres et en fruits et légumes

Les légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots secs…), les fruits et les légumes contiennent des fibres alimentaires. Les produits complets (pain complet, pâtes complètes, riz complet…) sont aussi riches en fibres.

En pratique, il est conseillé de manger 5 portions de fruits et légumes par jour (une portion est l’équivalent d’une pomme, d’une tomate, de deux abricots, d’un bol de soupe ou d’une compote maison). De plus, il est recommandé de consommer un produit complet par jour et de manger deux fois par semaine des légumes secs.

Limiter la consommation de viandes rouges et de charcuterie

En pratique, il est conseillé :

  • De limiter la consommation de viandes rouges à moins de 500 g par semaine, soit environ 3 à 4 steaks (1 steak pesant entre 100 et 150 g).
  • De privilégier la volaille et de l’alterner avec poissons, œufs et légumes secs
  • De limiter la consommation de charcuterie à moins de 150 g par semaine

Limiter la consommation de fast-food et d’aliments ultra-transformés et riches en matières grasses

Il y a plusieurs types de produits à limiter : les pains et brioches industriels, les barres chocolatées, les biscuits apéritifs, les plats prêts à être consommés, les aliments de type fast-food, les soupes et pâtes instantanées, les préparations à base de viande, les en-cas et desserts riches en sucre et en graisses, les sodas (Source centreleonberard.fr).

Consommer quotidiennement des produits laitiers

Il est conseillé de consommer deux produits laitiers par jour en les alternant. Les “produits laitiers“ conseillés comprennent le lait, les produits à base de lait comme les yaourts, les petits suisses, les fromages blancs et les fromages. Ils ne comprennent pas les produits à base de lait riches en graisses (beurre, crème) ou en sucre (crèmes desserts ou glaces) (Source Institut national du cancer).

Limiter la consommation d’alcool

En pratique, il est recommandé de limiter la consommation quotidienne des hommes à moins de 2 verres (vin, bière, apéritif) et la consommation quotidienne des femmes à moins d’un verre (Source centreleonberard.fr).

Plusieurs études indiquent que 16 à 71 % des cancers colorectaux en Europe et aux Etats-Unis sont attribuables à des facteurs liés au mode de vie. La bonne nouvelle est que beaucoup de ces facteurs sont modifiables en changeant certaines habitudes de vie comme une meilleure alimentation et une activité physique régulière.

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Article mis à jour le 26 août 2024

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