Comment se diagnostique le cancer du côlon ?
En France, environ 47 000 cancers colorectaux sont diagnostiqués chaque année dont 15 000 cancers du rectum. Le diagnostic de cancer colorectal est souvent tardif malgré le programme de dépistage qui est organisé en France pour la population générale âgée de plus de 50 ans et à risque moyen.
Le diagnostic sera fait habituellement après un examen clinique effectué par un médecin généraliste dans le cadre d’une consultation de routine pour des maux de ventre ou à la suite de la présence de sang dans les selles. En plus de l’examen clinique, des examens complémentaires pourront alors être prescrits.
Des analyses biologiques seront effectuées à partir d’une prise de sang, notamment pour rechercher une diminution du nombre de globules rouges (anémie) par manque de fer (ferriprive) ou pour évaluer le fonctionnement du foie. Le dosage sanguin de l’Antigène Carcino-Embryonnaire ou ACE sera également effectué.
La détermination du taux d’ACE n’est pas utile en lui-même pour le diagnostic du cancer colorectal mais sera très utile pour suivre l’évolution de la maladie et la réponse aux traitements.
Les différents examens
Une coloscopie et différents examens d’imagerie médicale [scanner abdominal, radiographie des poumons, Imagerie par Résonance Magnétique (IRM), Tomographie à Émission de positons (PET-scan) …] pourront également être prescrits.
En cas de polypes ou de masse anormale visualisés lors de la coloscopie, ils seront retirés pour qu’un médecin anatomopathologiste examine au microscope la nature des cellules qui les composent (examen histologique). Celui-ci déterminera si les cellules sont normales ou tumorales. Si les cellules sont cancéreuses, il définira aussi la nature exacte et l’origine des cellules cancéreuses (type histologique) : dans plus de 90 % des cas, les tumeurs se développent à partir du tissu qui tapisse l’intérieur du colon. On les appelle des adénocarcinomes.
L’examen histologique permettra également de déterminer le grade des cellules cancéreuses, c’est à dire l’apparence des cellules cancéreuses que l’on compare à celle des cellules normales. Le grade aidera à préciser la stratégie thérapeutique et à évaluer le pronostic de la maladie.
Le point de vue de l'expert
Classifié de 1 à 3 ou 4, plus le grade est élevé, plus l’apparence des cellules cancéreuses s’éloigne de celle d’une cellule normale et plus les cellules cancéreuses sont agressives.
Les cancers de grade 1 (cancers bien différenciés) ont des cellules dont l’aspect est relativement normal et qui se multiplient peu. Les cancers de grade 3 (cancers peu différenciés) ont des cellules très indifférenciées et qui se multiplient beaucoup.
Les cancers de grade 2 (cancers moyennement différenciés) ont des caractéristiques intermédiaires entre celles des cancers de grade 1 et de grade 3.
Des recherches de mutations de certains gènes comme KRAS ou BRAF pourront aussi être effectuées dans l’optique d’un futur traitement par une thérapie ciblée (voir plus loin). On recherchera si les cellules cancéreuses ont une déficience en réparation (tumeur MMR-D) et une instabilité micro satellitaire (tumeur MSI) (voir plus haut) dans l’optique d’un possible traitement par immunothérapie.
Le bilan d'extension
Si la présence d’un cancer colorectal est avérée, un bilan d’extension sera réalisé pour que les médecins qui se réuniront lors d’une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire ou RCP (voir plus loin) puissent répondre aux questions suivantes :
- Le cancer est- il opérable ?
- Si le cancer est opérable, est-il justifié de faire un traitement avant l’intervention chirurgicale (traitement néoadjuvant) ?
- La maladie s’est- elle déjà étendue à distance ?
- Quel est le traitement le mieux adapté à la maladie ?
- Le patient est-il en état de recevoir le ou les traitements envisagés ?
Afin de pouvoir répondre à ces questions, les sites où siègent le plus fréquemment les métastases d’un cancer colorectal seront explorées :
- Le foie par échographie ou scanner
- Le poumon par radiographie pulmonaire ou scanner thoracique
- Un PET scan pourra aussi être effectué. Ce dernier examen consiste à injecter par voie intraveineuse un médicament radioactif qui va se fixer sur les tissus cancéreux et les visualiser.
Ces différents examens, cliniques, histologiques, radiologiques, biologiques, moléculaires permettront d’abord de préciser le segment du côlon ou du rectum touché par la maladie :
- Dans environ 50 % des cas, c’est le rectum et le côlon sigmoïde
- Dans 15 % des cas, c’est le cæcum
- Dans 15 % des cas, c’est le côlon ascendant et l’angle colique droit
- Dans 13 % des cas, c’est le côlon descendant et l’angle colique gauche
- Dans 8 % des cas, c’est le côlon transverse (Source arcagy.com)
Le bilan d’extension permettra également de déterminer le stade de la maladie.
Le point de vue de l'expert
La détermination du stade d’un cancer a surtout un intérêt thérapeutique puisque la connaissance de ce stade contribuera à établir le traitement le plus adéquat pour le patient .
Elle permettra aussi de prévoir l’évolution la plus probable de la maladie. Le stade d’un cancer est établi en fonction de trois critères. Le premier critère dépend des caractéristiques de la tumeur (T). Dans le cas du cancer colorectal, la profondeur de la tumeur à travers la paroi du côlon ou du rectum est une caractéristique importante. Le second critère dépend du nombre de ganglions envahis [N pour Node (Ganglion en anglais)]. Le troisième critère dépend de la présence de métastases et du nombre d’organes envahis par celles-ci (M). Ces trois critères permettent de définir le stade d’un cancer et de classifier les cancers selon une classification reconnue internationalement ( classification TNM ).
Les cancers colorectaux de stade 1 sont des tumeurs localisées uniquement dans la couche interne du côlon ou du rectum. Les cancers de stade 2 sont des tumeurs qui ont envahi différentes couches du côlon ou du rectum. Pour les cancers de stade 3, on observe des cellules cancéreuses dans les ganglions lymphatiques situés près du côlon ou du rectum. Pour les tumeurs de stade 4, le cancer s’est propagé à distance de côlon ou du rectum pour former des métastases, notamment dans le péritoine, le foie ou les poumons.
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Article mis à jour le 27 août 2024
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