Quel est le dépistage du cancer du côlon ?

Dépistage et détection précoce

La détection précoce du cancer colorectal et des polypes précancéreux est primordiale car plus tôt un cancer ou un polype est détecté, plus grandes sont les chances de guérison. En France, la stratégie de dépistage et de détection précoce se détermine en fonction du niveau de risque d’une population ou d’une personne.

On distingue trois niveaux de risque :

  • Risque moyen : les hommes et les femmes de plus de 50 ans, asymptomatiques (sans manifestation suggérant la possibilité d’un cancer colorectal)
  • Risque élevé : antécédents personnels d’adénome (tumeur bénigne) ou de cancer colorectal, antécédents familiaux de cancer colorectal chez les parents au premier degré, existence d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin.
  • Risque très élevé : patient ayant une polypose adénomateuse familiale ou un syndrome de Lynch.

Population à risque moyen

Pour la population générale âgée de plus de 50 ans et à risque moyen, un dépistage est organisé en France.

En pratique, il est proposé à toutes les personnes de cette population, homme ou femme, d’effectuer tous les deux ans une recherche de sang dans les selles à l’aide d’un test simple (HemoccultTM).

Malheureusement, la participation des françaises et des français à ces campagnes de dépistage est toujours décevante alors qu’elle permettrait de réduire de 15 à 20 % le nombre des décès par cancer colorectal.

Sur la période 2019-2020, les taux de participation les plus bas sont observés en Corse (15 %) et à Paris (17 %) et les plus élevés sont observés dans le Haut-Rhin (43 %), le Bas-Rhin (42 %) et le Maine-et-Loire (41 %).

Population à risque élevé

Pour les personnes à risque élevé, un dépistage individuel est proposé. En pratique, il est proposé une consultation chez un gastroentérologue et une coloscopie ou une chromoendoscopie de dépistage. Celle-ci est effectué à partir de l’âge de 45 ans.

Cependant, chez les personnes dont un parent, au moment de la découverte d’un cancer colorectal avait moins de 55 ans, la coloscopie de dépistage est proposée à partir de 35 ans. Si la coloscopie est normale, elle doit être répétée tous les 5 ans. Si elle est anormale (présence de polypes à haut risque), elle doit être répétée tous les 2 à 3 ans.

Une étude récente a démontré que le dépistage par coloscopie réduit de 80 % le risque de cancer colorectal et a un effet similaire sur la mortalité due à ce cancer (source Nature Reviews Disease Primers).

Le point de vue de l'expert

La coloscopie est un examen d’imagerie médicale ( endoscopie ) qui permet de visualiser l’intérieur du rectum et du côlon. Cet examen est réalisé par un gastroentérologue grâce à un instrument appelé coloscope. Celui-ci est constitué d’un tube fin et souple de 1,5 à 2 m de long qui est introduit par l’anus.

La plupart des coloscopies se font sous anesthésie générale. De ce fait, il faudra consulter un anesthésiste quelques jours avant l’intervention. Avant d’être réalisée, la coloscopie nécessite une préparation de l’intestin pour que celui-ci soit propre et que ses parois puissent être visualisées.

Pour cela, un régime alimentaire adapté est mis en place trois jours avant l’examen. Il consiste en une alimentation sans fruits et légumes et sans fibres (voir plus haut). On évitera également viandes et charcuteries. La veille de l’examen, un laxatif sera pris.

Il existe maintenant des solutions laxatives de quelques millilitres à compléter en buvant environ 2 litres d’un liquide de son choix mais sans fibres et sans pulpes (menthe à l’eau, thé glacé…). Ces solutions laxatives remplacent avantageusement les solutions laxatives de deux litres qui n’étaient pas toujours agréables à boire…L’examen dure environ 30 minutes et sera suivi d’une période d’observations de quelques heures. Le patient pourra ensuite sortir en évitant de conduire puisqu’il aura eu une anesthésie générale. La coloscopie permet non seulement d’examiner le côlon et le rectum mais aussi de traiter d’éventuelles lésions qu’il est possible d’extraire au cours de la coloscopie. Ces lésions pourront ensuite être examinées au microscope par un médecin anatomopathologiste pour en confirmer ou en infirmer le caractère bénin.

Au cours de l’endoscopie, des colorants peuvent être utilisés pour mieux visualiser certaines lésions. Cet examen d’imagerie médicale proche de la coloscopie est appelé chromoendoscopie.

Un autre examen d’imagerie médicale, le coloscanner permet de visualiser virtuellement le côlon et le rectum sans avoir besoin d’introduire un coloscope. Il nécessite cependant une préparation identique à celle de la coloscopie. De plus, en cas d’anomalie détectée, une coloscopie devra ensuite être réalisée puisque le coloscanner ne permet pas de prélever un éventuel polype ou un adénome.

Population à risque très élevé

Pour les personnes à risque très élevé, un dépistage individuel est bien entendu proposé. En plus de la consultation auprès d’un gastroentérologue, une consultation d’oncogénétique sera aussi réalisée pour caractériser d’éventuelles mutations.

Chez ces sujets, la chromoendoscopie sera effectuée de préférence à la coloscopie sans colorant puisqu’elle permet une meilleure détection de certaines lésions (adénomes). Le premier examen se fera entre 20 et 25 ans ou 5 ans avant l’âge du cancer le plus précoce dans la famille. Le rythme de surveillance par chromoendoscopie sera adapté à chaque personne et peut aller jusqu’à un rythme annuel.

Interview du Professeur Romain Coriat

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Article mis à jour le 26 août 2024

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