Comment se diagnostique un mélanome ?

L'examen clinique et l'interrogatoire médical

En cas de suspicion de mélanome, la confirmation du diagnostic sera souvent faite par un dermatologue, ce médecin spécialiste de la peau et des maladies qui la touchent.

Avant de pratiquer un examen clinique, le dermatologue interrogera son patient sur les observations qu’il a pu faire lors d’une auto-surveillance, sur des symptômes éventuellement ressentis, sur ses autres problèmes de santé présents ou passés (antécédents médicaux). Il recherchera des facteurs de risque de mélanome et voudra notamment savoir si de proches parents ont eu un mélanome.

L’examen clinique sera détaillé et portera sur toute la peau à la recherche de tout naevus ou de toute lésion cutanée suspecte. L’orientation du diagnostic se fera à l’aide de la règle “ABCDE“. Pour affiner son diagnostic, le dermatologue pourra s’aider d’un dermatoscope, cet appareil optique grossissant qui permet de mieux observer les bords et les nuances de couleur d’une lésion cutanée.

Au cours de son examen clinique, le dermatologue examinera différentes aires ganglionnaires à la recherche de ganglions lymphatiques qui auraient pu être envahis par les cellules cancéreuses. Il examinera plus particulièrement les ganglions lymphatiques localisé au niveau de l’aine (zone de jonction entre les cuisses et le tronc), sous les aisselles (creux situé sous l’épaule, à la jonction du bras et du thorax) et au-dessus de la clavicule (sus-claviculaire).

POUR MEMOIRE

Les ganglions lymphatiques sont des petites formations de la taille d’un petit pois. Il y a environ 800 ganglions qui sont disséminés dans le corps humain. Ils sont raccordés entre eux par des vaisseaux lymphatiques .

Ces vaisseaux permettent la circulation des cellules du système immunitaire. Celui-ci est chargé de nous défendre contre les microbes dangereux ou contre les cancers. Ces cellules immunitaires se rencontrent, prolifèrent et dialoguent entre elles dans les ganglions lymphatiques.

Cette prolifération entraîne un gonflement des ganglions. Ils sont alors palpables, par exemple sous la mâchoire en cas d’infection au niveau de la gorge.

L'exérèse et analyse histologique

En présence d’une lésion suspecte, une exérèse limitée mais complète sera toujours effectuée. La pièce opératoire sera examinée au microscope par un anatomopathologiste, ce médecin spécialiste des cellules, des tissus et des organes. Celui-ci pourra confirmer ou infirmer s’il s’agit d’un mélanome. Il précisera également les caractéristiques des cellules cancéreuses (histologie) et le type de mélanome.

Les différents types de mélanome

Il existe différents types de mélanome. Chaque type bénéficiera d’une prise en charge, d’un traitement et d’un suivi particulier.

Le mélanome superficiel est la forme la plus fréquente. Il représente environ 80% des mélanomes diagnostiqués. Il touche plutôt l’adulte jeune. Une exposition solaire intense et brève est souvent impliquée. Ce type de mélanome est souvent invasif avec une phase horizontale assez longue, de l’ordre de 3 à 7 ans, suivie d’une phase verticale.

Le mélanome nodulaire représente environ 20 % des cas de mélanomes diagnostiqués. L’âge d’apparition est souvent entre 40 et 50 ans. Il touche à la fois les zones couvertes ou non. Il a d’emblée une croissance verticale. Cette forme est plus agressive.

Le mélanome de Dubreuilh fait suite à une mélanose de Dubreuilh. Il représente environ 10% des cas de mélanome. Il touche plutôt les personnes âgées. La phase de croissance horizontale de ces mélanomes est très longue et dure de 10 à 20 ans.

L’anatomopathologiste définira l’épaisseur de la lésion (indice de Breslow), le nombre de cellules en division (index mitotique) et la présence ou l’absence d’une ulcération (altération de la peau).

Le point de vue de l'expert

L’ indice de Breslow mesure l’épaisseur maximale de la tumeur depuis sa partie supérieure à la surface de l’épiderme jusqu’à la cellule tumorale la plus profonde. Cet indice exprimé en millimètres à une valeur pronostique sur l’évolution de la maladie. Si cet indice est important, une reprise chirurgicale devra être effectuée, même si l’exérèse était censée être complète. L’ index mitotique correspond au nombre de cellules en division par mm2.

Le grade histologique

L’anatomopathologiste définira également le grade histologique des cellules tumorales.

POUR MEMOIRE

Le grade histologique des cellules tumorales détermine l’importance des anomalies des cellules. Les cancers de grade 1 (cancers bien différenciés) ont des cellules dont l’aspect est relativement normal et qui se multiplient peu. Les cancers de grade 4 (cancers peu différenciés) ont des cellules très indifférenciées et qui se multiplient beaucoup. Les cancers de grade 2 et 3 (cancers moyennement différenciés) ont des caractéristiques intermédiaires entre celles des cancers de grade 1 et de grade 4.

Une partie de la pièce opératoire sera envoyée dans un laboratoire de biologie moléculaire. Un tel laboratoire est spécialisé dans l’étude de l’ADN des cellules tumorales à la recherche de mutations au niveau de certains gènes. Les biologistes de ce laboratoire rechercheront notamment des mutations au niveau des gènes BRAF, NRAS et cKIT. La connaissance d’éventuelles mutations permettra de choisir des médicaments qui ciblent un gène muté (thérapies ciblées).

Les examens complémentaires

Lorsqu’un mélanome aura été diagnostiqué, un certain nombre d’examens complémentaires seront réalisés (bilan pré-thérapeutique). En fonction de l’évolution de la maladie, différents examens d’imagerie médicale seront prescrits : échographie, scanner, IRM (Imagerie par Résonnance Magnétique) ou TEP (Tomographie par Émission de Positons).

L’examen de la pièce opératoire et les différents examens complémentaires permettront de définir le stade du mélanome. La détermination du stade d’un cancer a surtout un intérêt thérapeutique puisque la connaissance de ce stade contribuera à établir le traitement le plus adéquat pour le patient. Elle permettra aussi de prévoir l’évolution la plus probable de la maladie (intérêt pronostique).

Les stades du mélanome

Le point de vue de l'expert

Le stade d’un mélanome est défini de plusieurs façons. Il peut notamment être déterminé uniquement à partir des caractéristiques de la pièce opératoire en prenant en compte l’épaisseur de la tumeur ( classification de Breslow ) ou le niveau d’envahissement des différentes couches de la peau ( classification de Clark ).

Un mode de classification très utilisé est la classification TNM . Avec cette classification, le stade d’un cancer est établi en fonction de trois critères. Le premier critère dépend des caractéristiques de la tumeur ( T ), en particulier son épaisseur et la présence d’ulcération ; Le second critère dépend du nombre de ganglions envahis N pour Node (Ganglion en anglais)] ; le troisième critère dépend du taux de LDH, de la présence de métastases, du nombre d’organes envahis par celles-ci ( M ). Ces trois critères permettent de définir le stade d’un cancer selon une classification reconnue internationalement.

Les mélanomes de stade 0 sont des mélanomes dont les cellules cancéreuses sont présentes uniquement sur la couche supérieure ou externe de la peau (épiderme).

Les mélanomes de stade 1 sont des tumeurs avec une épaisseur de moins de 2 mm.

Les mélanomes de stade 2 ont une épaisseur de moins de 4 mm avec ou sans ulcération.

Les mélanomes de stade 3 sont des cancers qui se sont propagés vers au moins un ganglion lymphatique situé près de l’emplacement où le cancer a pris naissance.

Les mélanomes de stade 4 sont des cancers qui présentent des métastases à distance dans d’autres parties du corps comme les poumons ou le foie (source Société Canadienne du Cancer).

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Article mis à jour le 27 août 2024

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