Quels sont les traitements du cancer du poumon ?
La prise en charge d’un cancer du poumon dépend principalement de sa nature : cancer bronchique à petites cellules ou cancer bronchique non à petites cellules.
Prise en charge d'un cancer bronchique non à petites cellules
Pour les cancers du poumon non à petites cellules, le traitement dépendra d’abord de sa dimension et de son extension. Ces deux critères définissent le stade du cancer.
On distingue globalement trois stades :
- Le premier est le stade précoce : à ce stade, la tumeur mesure moins de 7 cm. Elle s’est éventuellement étendue aux ganglions lymphatiques voisins des poumons mais à aucune autre partie du corps.
- Le second est le stade localement avancé. Pour ces cancers, la tumeur peut s’être disséminés dans des ganglions autres que des ganglions voisins mais pas dans d’autres parties du corps. Alternativement, la tumeur peut s’être étendue à d’autres parties des poumons, à des voies respiratoires ou à des zones proches. Il peut éventuellement avoir atteint la trachée, l’œsophage ou le cœur mais pas d’autres parties du corps.
- Le troisième stade est le stade métastatique : le cancer peut être présent dans les deux poumons et/ou s’être étendu à une autre partie du corps, par exemple le foie, les glandes surrénales, le cerveau ou les os. Il peut avoir provoqué une accumulation de liquide autour du poumon ou du cœur qui contient des cellules cancéreuses.
Le choix du traitement sera fait par les médecins qui se réunissent dans le cadre d’une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire ou RCP. Celle-ci rassemble au minimum un oncologue spécialiste des traitements par chimiothérapie ou thérapie ciblée, un radiothérapeute et un chirurgien.
Au stade précoce ou localement avancé
Pour les cancers du poumon non à petites cellules de stade précoce ou localement avancé, le traitement le plus fréquent est la chirurgie.
En fonction de la taille de la tumeur, le chirurgien retirera uniquement celle-ci ou retirera le lobe du poumon où elle est présente. Il retirera aussi les ganglions présents dans le médiastin. Après une petite incision, l’intervention chirurgicale se fait en introduisant un endoscope pour visualiser la tumeur et la retirer.
Pour les cancers localement avancés, l’intervention chirurgicale peut être précédée d’un traitement dit “néoadjuvant“ par chimiothérapie. Celle-ci combine souvent plusieurs médicaments.
POUR MEMOIRE
Un traitement “néoadjuvant“ est un traitement (chimiothérapie, thérapie ciblée ou immunothérapie) qui est utilisée avant une intervention chirurgicale pour diminuer la taille de la tumeur.
Un traitement “adjuvant“ est un traitement (chimiothérapie, thérapie ciblée ou immunothérapie) qui est utilisée après une intervention chirurgicale pour éviter une éventuelle récidive du cancer ou pour traiter des métastases.
Des essais cliniques sont actuellement menés pour déterminer si l’intervention chirurgicale doit être précédée d’un traitement néoadjuvant par immunothérapie avec ou sans chimiothérapie.
💡 LE SAVIEZ-VOUS ?
Le traitement de cancers par immunothérapie est une véritable révolution dans le traitement de certains cancers dont les cancers du poumon.
Ces traitements sont basés sur les trois découvertes suivantes :
- La première est la mise en évidence de molécules particulières, les points de contrôle , qui peuvent accélérer ou ralentir le fonctionnement du système immunitaire.
- La seconde découverte est que les cellules cancéreuses peuvent utiliser les points de contrôle qui ralentissent le fonctionnement du système immunitaire pour échapper à celui-ci. Elles utilisent notamment un point de contrôle dénommé PD-L1 pour ralentir le système. Celui-ci est présent à la surface des cellules cancéreuses. Cette molécule se lie à une autre molécule dénommée PD-1 qui est présente à la surface des lymphocytes, ces cellules du système immunitaire chargées d’éliminer les cellules cancéreuses. La liaison de PD-L1 à PD-1 empêche les lymphocytes de jouer leur rôle et d’éliminer les cellules tumorales.
- La troisième découverte est que les médicaments qui bloquent PD-1 ou PD-L1 permettent de stimuler à nouveau le système immunitaire pour qu’il élimine les cellules tumorales. Ces médicaments sont des immunothérapies puisqu’ils n’éliminent pas directement les cellules cancéreuses comme le font les chimiothérapies mais stimulent le système immunitaire pour qu’il élimine les cellules cancéreuses. Ces immunothérapies seront souvent plus efficaces si les cellules cancéreuses ont de nombreuses molécules PD-L1 à leur surface. Il est donc utile d’étudier cette expression de PD-L1 à la surface des cellules tumorales pour prédire l’efficacité des immunothérapies anti-PD-L1 ou anti-PD-1.
Après la chirurgie, un traitement adjuvant par chimiothérapie peut être effectué. Des essais cliniques sont aussi menés pour déterminer l’intérêt de traitements adjuvants par immunothérapie couplée ou non à la chimiothérapie.
Depuis quelques années, de nouveaux traitements, les thérapies ciblées sont de plus en plus utilisées en néoadjuvant ou en adjuvant.
💡 LE SAVIEZ-VOUS ?
Comme l’indique leur nom, les thérapies ciblées sont dirigées contre des cibles qui sont directement impliquées dans la transformation des cellules normales en cellules cancéreuses, dans la multiplication cellulaire des cellules cancéreuses ou dans le développement des tumeurs malignes.
Ces cibles peuvent être situées à la surface ou à l’intérieur des cellules cancéreuses. A la surface, ce peuvent être des récepteurs impliqués dans la multiplication cellulaire comme le Récepteur pour le Facteur de Croissance de l’Épiderme (EGFR). En interne, ce peuvent être des molécules situées sur des voies intracellulaires importantes pour la multiplication des cellules cancéreuses. En bloquant ces voies avec une thérapie ciblée, on bloque directement la croissance tumorale.
Si la localisation ou la taille de la tumeur ne permet pas son excision par chirurgie, il est possible d’utiliser la radiothérapie qui se fait en plusieurs séances pendant 4 à 6 semaines.
Les rayons sont administrés de façon très précise sur la tumeur afin de tuer les cellules cancéreuses. Il est également possible de proposer une immunothérapie ou une thérapie ciblée.
Au stade métastatique
Pour les cancers du poumon non à petites cellules avec des métastases, le traitement se fera par chimiothérapie. Si la tumeur présente des altérations génétiques ciblables par une thérapie ciblée, celle-ci sera utilisée. Chez le patient dont la tumeur présente une forte expression du point de contrôle PD-L1, un traitement par immunothérapie pourra être effectué.
Prise en charge d'un cancer du poumon à petites cellules
Les cancers du poumon à petites cellules sont traités par chimiothérapie et radiothérapie éventuellement couplé à une immunothérapie. Après traitement, un suivi médical sera effectué. Chez les patients avec un cancer localisé, le suivi médical consistera à effectuer des examens radiologiques et un examen clinique tous les 6 mois au cours des 2 premières années puis annuellement.
Les essais cliniques
Des essais cliniques de plus en nombreux sont menée pour étudier de nouveaux traitements des cancers du poumon. Parmi ces traitements, on trouve des thérapies ciblées de nouvelle génération ou de nouvelles immunothérapies. Une nouvelle classe de médicaments, les anticorps conjugués à une chimiothérapie, sont aussi développés.
💡 LE SAVIEZ-VOUS ?
Les anticorps sont de grosses molécules en forme de Y produites naturellement par les cellules de notre système de défense immunitaire ou artificiellement en laboratoire pour en faire des médicaments. Les extrémités des petites branches du Y sont capable de reconnaître très précisément leur cible dénommée « antigène » par exemple à la surface des cellules cancéreuses.
En conjuguant un anticorps qui reconnaît spécifiquement les cellules cancéreuses à une molécule de chimiothérapie, l’anticorps conjugué délivre précisément la chimiothérapie aux cellules cancéreuses.
Récemment, un essai clinique a démontré l’intérêt d’un anticorps conjugué à une chimiothérapie pour le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes.
De nombreux essais cliniques se font également sur des combinaisons d’une immunothérapie avec une seconde immunothérapie, avec une chimiothérapie ou avec une ou plusieurs thérapies ciblées.
Ces essais cliniques sont porteurs de réels espoirs pour de nouveaux progrès dans le traitement des cancers du poumon.
Connaitre les essais cliniques dans le cancer du poumon en cours de recrutement en France.
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Article mis à jour le 20 sept. 2024
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