Comment se diagnostique le cancer de l'endomètre ?

En cas de suspicion d’un cancer de l’endomètre, le gynécologue interrogera sa patiente sur les symptômes qu’elle peut ressentir. Il voudra savoir si la patiente a eu des problèmes de santé dans le passé et si elle a d’éventuels facteurs de risque de cancer. Il demandera également si des membres de la famille ont eu une maladie bénigne (fibrome, polype, endométriose) ou maligne de l’utérus et s’il y a d’autres cancers dans la famille.

Il fera un examen clinique complet et examinera notamment les seins, l’abdomen et les aires ganglionnaires. Il effectuera un toucher vaginal et un toucher rectal pour examiner les organes génitaux et les organes de voisinage comme la vessie et le rectum. Le médecin sera alerté s’il découvre une grosseur au niveau de l’utérus.

Un frottis vaginal sera également réalisé. Une échographie transvaginale suivie éventuellement d’une biopsie sera demandée. Une colposcopie, cet examen qui permet d’examiner le vagin et le col de l’utérus à l’aide d’une loupe binoculaire (colposope) pourra aussi être prescrite. Chez les femmes avec des symptômes récurrents ou lorsqu’une anomalie au niveau de l’endomètre est détectée lors de l’échographie transvaginale, une hystérosopie diagnostique sera effectuée.

💡 LE SAVIEZ-VOUS ?

L’hystéroscopie diagnostique peut être réalisée en ambulatoire (sans hospitalisation). Il se fait le plus souvent sous anesthésie générale. Il consiste à insérer dans l’utérus, après dilatation du col, un instrument d’optique fin appelé hystéroscope . Cet instrument permet de visualiser directement les lésions, de les localiser et de guider les biopsies.

Les biopsies de l’endomètre qui auront été réalisées après une échographie transvaginale ou après une hystéroscopie diagnostique permettront au médecin anatomopathologiste de déterminer au microscope la nature exacte de la tumeur maligne (analyse histologique). Dans plus de 90 % des cas, le cancer de développe à partir des cellules de l’endomètre, ce qui explique que le terme de cancer de l’endomètre est quasiment synonyme de cancer du corps de l’utérus.

Les tumeurs malignes de l’endomètre

💡 LE SAVIEZ-VOUS ?

Il existe plusieurs catégories de cancer de l’endomètre ( types histologiques ). Le type le plus fréquent est l’ adénocarcinome endométrioïde qui représente environ 80 % des cas. Ce cancer apparaît tôt après la ménopause au cours de la cinquième ou la sixième décennie.

Il affecte plus volontiers, les femmes présentant une obésité, une hypertension artérielle, un diabète gras. Il touche plus fréquemment les femmes qui ont eu leurs règles tôt, une ménopause tardive ou qui ont eu peu ou pas de grossesses.

Le cancer est habituellement diagnostiqué à un stade précoce et le pronostic est bon. Les autres types sont dits non-endométrioïdes . Ils touchent environ 20 % des patientes. Ces cancers touchent des femmes plus âgées, non obèses, dans leur septième ou huitième décennie. Ils sont souvent diagnostiqués à un stade plus avancé et leur pronostic est plus réservé (source arcagy.org).

L’analyse histologique va également permettre à l’anatomopathologiste d’établir le grade de la tumeur qui va de 1 à 3. Plus le grade est élevé, plus l’apparence des cellules cancéreuses s’éloigne de celle d’une cellule normale et plus les cellules cancéreuses sont agressives.

La détermination du grade d’un cancer

💡 LE SAVIEZ-VOUS ?

Les cancers de grade 1 (cancers bien différenciés) ont des cellules dont l’aspect est relativement normal et qui se multiplient peu. Les cancers de grade 3 (cancers peu différenciés) ont des cellules très indifférenciées et qui se multiplient beaucoup. Les cancers de grade 2 (cancers moyennement différenciés) ont des caractéristiques intermédiaires entre celles des cancers de grade 1 et de grade 3.

Si la suspicion de cancer de l’endomètre est confirmée, un bilan complémentaire sera effectué avant de démarrer un traitement. Ce bilan pré-thérapeutique comprendra souvent une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) pour estimer la profondeur de l’invasion de la tumeur dans le myomètre. Cet examen permettra également de déterminer un éventuel envahissement ganglionnaire et de localiser une possible extension de la maladie en dehors de l’utérus.

Chez les patientes avec une tumeur de haut grade (grade 3), un scanner du thorax, de l’abdomen et du petit bassin sera effectué pour rechercher la présence d’éventuelles métastases à distance de l’utérus.

Chez les patientes qui sont diagnostiquées avant 50 ans ou qui ont des antécédents personnels ou familiaux (au premier degré ) de cancer colorectal, de l’ovaire, de l’estomac, de l’intestin grêle ou des voies biliaires ou urinaires, suggérant chez elles un syndrome de Lynch (maladie génétique responsable d’une augmentation du risque de certains cancers), le médecin prescrira des examens particuliers pour déterminer si les cellules tumorales ont une instabilité génétique et une instabilité microsatellitaire.

Ces examens sont réalisés dans un laboratoire d’anatomopathologie sur les cellules tumorales ou dans un laboratoire de biologie moléculaire sur l’ADN tumoral. Ils permettront de déterminer si la patiente peut éventuellement bénéficier d’une immunothérapie.

L’instabilité génétique, l’instabilité microsatellitaire et le statut MSI

Le point de vue de l'expert

Lorsque les cellules se divisent, l’ADN des cellules filles doit être le même que celui de la cellule mère.

Cependant, des erreurs peuvent se produire lors de cette division. Les cellules normales possèdent un système pour réparer ces erreurs ( système MMR pour MisMatchRepair ). Ce système fonctionne grâce à 4 protéines importantes, MLH1/PMS2/MSH2/MSH6 .

Parfois, l’une de ces protéines est déficiente et la cellule a une incapacité à réparer l’ADN ( déficience en réparation ou en anglais MisMatch Repear Deficiency ou MMR-D ). Cette incapacité est d’origine sporadique ou d’origine héréditaire provoquant alors un syndrome de Lynch .

Cette déficience est responsable de multiples mutations et les cellules déficientes sont dites avoir une instabilité génétique . Ces multiples mutations se produisent notamment dans des séquences d’ADN très répétitives appelées microsatellites . Les cellules qui ont ces multiples mutations au niveau des microsatellites sont dites avoir une instabilité microsatellitaire (MSI pour MicroSatellite Instable) . Ces mutations contribuent à stimuler plus fortement le système immunitaire.

De ce fait, les patients avec une tumeur qui a une déficience dans le système de réparation ( tumeur MMR-D ) conduisant à une instabilité génétique et à une instabilité microsatellitaire ( tumeur MSI ) peuvent bénéficier d’un traitement par immunothérapie (voir plus loin). De ce fait, il est important de déterminer le statut MSI d’une tumeur , ce qui consiste à déterminer si une tumeur a une déficience dans le système de réparation avec une instabilité génétique et à une instabilité microsatellitaire.

Les examens réalisés pour établir le diagnostic et pour effectuer un bilan pré-thérapeutique permettront d’établir le stade du cancer. Ce stade peut aussi être établi après l’intervention chirurgicale et l’examen histologique des différentes pièces chirurgicales.

La détermination du stade d’un cancer

💡 LE SAVIEZ-VOUS ?

La détermination du stade d’un cancer a surtout un intérêt thérapeutique puisque la connaissance de ce stade contribuera à établir le traitement le plus adéquat pour le patient. Elle permettra aussi de prévoir l’évolution la plus probable de la maladie ( intérêt pronostique ).

Le stade d’un cancer est établi en fonction de trois critères. Le premier critère dépend des caractéristiques de la tumeur ( T ); Le second critère dépend du nombre de ganglions envahis N pour Node (Ganglion en anglais) ] ; le troisième critère dépend de la présence de métastases et du nombre d’organes envahis par celles-ci ( M ). Ces trois critères permettent de définir le stade d’un cancer selon une classification reconnue internationalement ( classification TNM ).

Les cancers de stade 1 sont des tumeurs limitées à l’endomètre.

Les cancers de stade 2 sont des tumeurs qui atteignent le col de l’utérus.

Les cancers de stade 3 sont des tumeurs qui s’étendent au-delà de l’utérus, y compris ceux qui envahissent le vagin mais qui restent à l’intérieur du petit bassin.

Les cancers de stade 4 sont des tumeurs qui atteignent la vessie ou le rectum ou qui s’étendent au-delà du petit bassin.

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Article mis à jour le 8 janv. 2025

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